Dresser un cheval, c’est lui offrir des codes et repaires clairs pour qu’il réponde avec fluidité, générosité et précision. C’est un art qui repose sur l’équilibre : celui du cheval, du cavalier et de leur relation. Tout cet hiver, j’ai sillonné la France pour partager cette philosophie lors de stages. Mais dès ces engagements terminés, un autre projet me tenait à cœur : accompagner un jeune cavalier prometteur, Thibault Heinguez.
Ce choix ne doit rien au hasard. Thibault incarne une équitation que j’admire profondément : respectueuse, légère et fondée sur une réelle compréhension du cheval. Son talent est indéniable, mais ce qui me touche avant tout, c’est sa manière de monter, sans artifice, dans une recherche permanente d’harmonie avec ses chevaux, quels que soient leur âge, leur physique ou leur caractère.
Thibault pratique une équitation en mouvement, telle qu’on la retrouve aujourd’hui chez les meilleurs cavaliers mondiaux. Son équilibre fluide accompagne le cheval sans le contraindre, favorisant ainsi l’engagement, la vitesse et la stabilité. Cette posture permet d’éviter les interventions parasites du cavalier et crée une véritable harmonie avec le cheval. Mais ne nous y trompons pas : parvenir à cette légèreté apparente demande un grand nombre d’heures de mise en selle, un dressage minutieux, du temps et une connaissance approfondie de la biomécanique, de la psychologie et des techniques équestres. Pourtant, l’équitation ne doit pas être une accumulation de complications inutiles. C’est souvent dans la simplicité, le bon sens et un cheminement progressif et respectueux que réside la véritable réussite.
Les deux dernières semaines, nous avons mis à l’épreuve le travail hivernal lors de concours d’entraînement. Il était temps de vérifier si la patience et la rigueur de ces derniers mois portaient leurs fruits. Et le constat est sans appel : Thibault a monté avec une finesse remarquable, offrant à chaque cheval la possibilité de s’exprimer pleinement.
L’équitation est parfois perçue comme une discipline complexe, où l’on cherche trop souvent à contraindre plutôt qu’à guider. Pourtant, la véritable maîtrise réside dans l’art du « ne rien faire », ou du moins, dans l’illusion de ne rien faire. C’est cette équitation-là que j’aime, celle où la légèreté prime, où le cheval travaille dans son équilibre naturel, en toute confiance.
Cette année, j’ai choisi d’investir sur Thibault, non seulement parce que je crois en son potentiel, mais aussi parce que j’aurais aimé, à son âge, bénéficier d’un tel soutien. Peut-être ferons-nous ensemble un bout de chemin pour l’aider à tracer sa voie. Quoi qu’il en soit, je lui souhaite un parcours équestre à la hauteur de son talent et le remercie pour ces moments de partage, pour son équitation inspirante et pour le respect avec lequel il monte mon cheval, Iggy Mouche.
Sportivement, Éric
