Prévenir plutôt que guérir…

Didji de coquerie et Eric louradour

Les coliques ne sont pas une fatalité. Elles sont souvent perçues comme un coup du sort, une maladie imprévisible, mais dans bien des cas, elles résultent d’une gestion inadaptée. En plus de 45 ans passés à m’occuper de chevaux et à diriger des écuries, j’ai toujours mis un point d’honneur à leur offrir un mode de vie respectueux de leurs besoins fondamentaux. Ainsi, je n’ai jamais eu à déplorer de coliques parmi les chevaux sous ma responsabilité. Non pas par chance, mais parce que chaque détail compte : du temps accordé au cheval à la qualité de son environnement, en passant par son alimentation et son activité physique (juste programmation, progression et constance dans son travail ou sorties journalières).

Un cheval n’est pas une machine que l’on utilise avant de le ranger au box en attendant la séance suivante. C’est un être vivant, sensible, qui a besoin de mouvement, de contacts sociaux et d’une alimentation adaptée à son mode de digestion. Trop souvent, on intervient tard, lorsque les premiers signes de souffrance sont visibles : une boiterie, une perte d’état, un cheval apathique ou agité… Pourtant, la plupart des problèmes de santé, coliques comprises, sont évitables avec une attention quotidienne.

L’histoire nous rappelle l’importance de cette vigilance. Pendant la Première Guerre mondiale, des millions de chevaux sont morts, non seulement au combat, mais aussi par manque de soins adaptés. À l’inverse, l’armée anglaise avait compris qu’un cheval bien suivi était un cheval plus résistant. Elle avait mis en place des vétérinaires et formé les soldats à l’entretien et au bien-être de leurs montures. Aujourd’hui encore, cette philosophie perdure outre-Manche, où la gestion des chevaux repose sur une relation de proximité et de respect.

Avoir un cheval sous sa responsabilité implique bien plus que de le monter et de le nourrir. Il ne suffit pas de répondre à ses besoins primaires, encore faut-il les comprendre et les anticiper. Chaque cheval est unique : son tempérament, son passé, sa condition physique et son activité influencent directement sa santé et son bien-être. Savoir observer, adapter son mode de gestion et accorder du temps à son cheval est essentiel pour éviter bien des pathologies et garantir son équilibre.

J’ai toujours insisté, auprès de mes collaborateurs et de tous ceux qui ont travaillé à mes côtés, sur l’importance d’aborder chaque cheval avec positivité, enthousiasme, bienveillance et empathie. Un cheval ressent nos intentions. Lui accorder du temps, ce n’est pas seulement veiller à ses besoins physiques, c’est aussi lui offrir une présence rassurante, une énergie constructive et un cadre apaisant. Chaque interaction compte, et c’est en cultivant cette approche que l’on préserve leur bien-être et que l’on construit une véritable relation de confiance. Tous les chevaux compliqués, mal éduqués, rétifs ou contre l’homme ont évolué grâce au temps que je leur ai dédié et à cette approche.

Prendre soin d’un cheval, ce n’est pas une contrainte, c’est un engagement, un état d’esprit. Et au-delà du bien-être de l’animal, c’est aussi une école d’humilité et de respect, car apprendre à comprendre son cheval, c’est aussi apprendre à être un meilleur humain.

Sportivement vôtre, Éric

Articles récents
eric louradour
Cheminer, épisode 6 – Une équitation en conscience

Cheminer, c’est aussi témoigner… et transmettre J’aurais pu continuer encore longtemps. J’aurais pu vous parler d’autres chevaux illustres, d’autres moments forts, d’autres parcours singuliers qui