Trouver l’équilibre…

Henrik von eckermann herning

La principale recherche de tous les cavaliers, quel que soit la discipline équestre, est L’Équilibre. Quand on parle d’équilibre, d’un point de vue général, on cite l’équilibre du cavalier à cheval ; l’équilibre du cheval ; l’équilibre dans la relation Homme – cheval !

Pour trouver cet équilibre général, il y a trois points sur lesquels le cavalier doit travailler et se re-pencher régulièrement :

  1. La position du cavalier à cheval ; car la bonne position emmène à la bonne communication.
  2. La mise en selle : celle-ci représente des exercices spécifiques et variés qui permettent aux cavaliers d’avoir une grande indépendance de toutes les parties de leur corps et dans l’utilisation des aides.
  3. La technique : ce sont tous les moyens dont le cavalier a à disposition pour améliorer sa relation, sa communication et sa symbiose avec le cheval.

Prochainement, je développerai plus en profondeur ces trois points. En attendant, parlant justement d’équilibre et en observant la semaine passée les épreuves de saut d’obstacles aux Jeux équestres mondiaux d’Herning, je me suis demandé si cette édition avait évolué concernant le bien-être des chevaux. Force est de constater que oui car de nombreux efforts ont été fait. Tout le monde a salué qu’il y avait pas eu de gros accidents comme parfois ; que le niveau était plus homogène ; que la Fédération équestre internationale n’avait pas invité par souci politique des nations qui sortent d’habitude en 1,40m ; que depuis 2018 la finale tournante a été supprimée et donc que le bien-être animal a primé sur le divertissement en enlevant quatre parcours aux chevaux en finale…

En revanche, je me suis posé une autre question : est-ce que notre milieu du saut d’obstacles a trouvé le juste milieu et l’équilibre souhaité concernant la difficulté des parcours ? Bien-sûr, ce fut un spectacle exceptionnel. Cependant je pense que nous allons peut-être trop loin ! Ce sport semble de plus en plus aller vers l’exagération et réservé à une élite : élite de cavaliers, élite de propriétaires très fortunés mais surtout élite de chevaux. À mon humble niveau, je dirais « attention de ne pas tomber dans l’exagération ». Certes ces cavaliers d’exception trouvent toujours les solutions pour affronter de tels parcours si délicats et des championnats si imposants et fatiguants, mais jusqu’où peut-on et doit-on aller vis-à-vis des chevaux ? Où aller chercher de tels chevaux pour affronter ces parcours très difficiles et ces obstacles si fragiles et à quel prix sont-ils ? Même ces propriétaires, aussi fortunés soient-ils, vont-ils résister longuement ? Les cavaliers qui ne font pas partie des quinze meilleurs mondiaux auront-t-il un jour la possibilité d’accéder à ce niveau ?

Quoi qu’il en soit, mon interrogation concerne avant tout les chevaux.  Le concours complet n’a pas hésité pour sauver sa discipline à simplifier ses obstacles et ses règlements. Le milieu du saut d’obstacles ne devrait-il pas lui aussi faire un pas en arrière ?

Il ne faut pas oublier que l’homme et le cheval ont commencé à se fréquenter mutuellement par intérêt. L’homme a profité de la rapidité, de la force, du courage et de la générosité des chevaux pour se déplacer, faciliter son travail, se nourrir, et donc évoluer. Le cheval, lui, fuyant les grands prédateurs et herbivore sujet au manque de nutrition durant les mauvaises saisons, trouva toujours un intérêt de sécurité et de confort alimentaire à s’approcher de l’homme et se laissant apprivoiser. Jusqu’à il y a peu de temps les chevaux travaillaient avec et pour l’homme. Aujourd’hui en revanche, ils sont principalement utilisés pour le divertissement. De ce fait, dans le passé, qui observait cette évolution pouvait comprendre et accepter certaines utilisations ou destinations imposées à  l’animal. Aujourd’hui ce divertissement sportif est beaucoup moins compris et permis. Surtout avec l’arrivée des associations de protection des animaux et depuis que le statut du cheval, et plus généralement celui des animaux, grâce aux sciences de l’éthologie moderne, a changé d’un point de vue législatif. La loi publiée au journal officielle du 17 février 2015 reconnaît officiellement par le code civil l’animal comme « un être vivant doté d’une sensibilité » et non plus comme un bien meuble. Cette reconnaissance officielle de la sensibilité animale nous pousse donc à être plus vigilants et de continuellement mieux protéger nos chevaux et l’image de notre sport.

Toujours concernant l’équilibre que tout homme cherche dans sa vie, je suis très heureux que Henrik von Eckermann ait gagné ce championnat du monde 2022. C’est un homme qui n’a pas hésité à chercher en permanence à se déplacer et à se dépasser pour évoluer, trouver son équilibre et celui avec ses chevaux. Henrik a compris l’importance aujourd’hui d’une parfaite stratégie entrepreneuriale pour obtenir ou conserver des chevaux et des propriétaires mais surtout d’une réelle connivence avec l’animal basée sur les échanges répétés et réguliers afin de conquérir sa confiance, des réflexes et son envie de se dépasser pour son partenaire. Ainsi il m’avouait il y a peu de temps n’avoir que quatre chevaux aux écuries et qu’il n’en désirait que six au maximum. Cela afin d’éviter d’avoir à déléguer, de pouvoir monter lui-même le plus possible tous ses chevaux et avoir du temps pour lui. Cela l’oblige également à une bonne programmation des concours et des épreuves. Voilà pourquoi j’estime énormément ce cavalier d’exception, admirable et respectable. Je suis donc très heureux qu’il ait gagné. Il mérite le succès car de plus c’est un gentilhomme. Voilà l’athlète cavalier comme je le conçois et je suis certain qu’il sera une grande source de motivation et d’inspiration pour bien des jeunes cavaliers. Ces derniers doivent comprendre que là encore trouver l’équilibre est nécessaire, certes à cheval, mais à présent et plus que jamais, dans sa vie personnelle, professionnelle et son hygiène de vie (pas d’alcool, gymnastique journalière, régime alimentaire…). Tous ceux qui sont dans le top dix de ces derniers championnats sont des machines de guerre ; le hasard et l’erreur n’ont plus leur place.

Pour ma part, je continuerai à écrire car même si j’arrive à changer la mentalité seulement à une seule personne, je serai récompensé par un enorme sentiment de plaisir. Merci donc à vous, qui êtes toujours plus nombreux, de me lire.

Sportivement vôtre, Éric

(Photo : Scoopdyga.com)

L’inspiration de cet article m’est venu grâce aux propos d’un jeune professionnel avec lequel j’aime partager. Sa recherche, ses observations sont très objectives, passionnantes et intéressantes. Merci à Karim Zoubeidi- Defert.

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