Aujourd’hui, je déroge à la règle

les parents d'Eric Louradour au bord d'un lac

Habituellement, je ne m’exprime jamais concernant ma vie privée ! Aujourd’hui, je vais déroger à la règle car je tiens à vous présenter une femme d’exception. Elle se prénomme Laurette. D’ailleurs, si vous lisez jusqu’à la fin, vous verrez que ce post a aussi sa place dans ma page professionnelle !

C’est une Grande dame, de petite taille certes (1,43m) mais dotée d’une immense volonté, générosité et compassion. C’est une femme extraordinaire qui est née d’une famille paysanne pauvre. Elle n’a pas fait de grandes études mais elle a appris à être une épouse, une mère et une maîtresse de maison exceptionnelle. Elle sait coudre, tricoter, cuisiner divinement, élever des enfants (elle en a élevé plus de 40 dont 6 qu’elle a fait naître), maintenir son foyer impeccable… Son mari était très absent car il conjuguait plusieurs emplois. Il était simple ouvrier la journée et le soir ou le week-end, musicien. Il dirigeait son propre orchestre. Il était toujours apprécié et recherché par ses employeurs tellement il était courageux, consciencieux, généreux et respectueux du matériel et d’autrui. Malgré un seul salaire qui rentrait dans le foyer, son épouse gérait avec précision les comptes. Elle veillait surtout à éduquer et entretenir au mieux ses enfants. Pour bien les nourrir, elle n’hésitait pas à entretenir un grand potager qu’elle curait avec soin et dès 5 heures du matin. Ensuite elle préparait le petit-déjeuner de ses enfants puis les lavait et habillait pour aller à l’école. Pour eux elle façonnait ou adaptait des vêtements souvent donnés par des voisins, amis ou familiaux ; elle tricotait aussi pour eux des pulls, écharpes et gants ; elle préparait de bons repas sains ; elle élevait des animaux (canards, lapins, poules, pigeons…) qu’elle tuait, dépeçait et congelait ; elle faisait également de nombreuses conserves… Famille nombreuse oblige !

De plus elle et son mari accueillaient souvent beaucoup de monde à leur table. À l’heure du repas, qui passait par là était toujours invité… Tout cela ne l’empêchait pas, en plus de tout cela, de donner de son temps en aidant des familles ou proches en difficultés, malades ou vieillissants. Dans sa vie elle a connu bien des moments difficiles dont l’après-guerre mais surtout un drame personnel, un accident tragique où elle perdit une de ses enfants âgée de deux ans et pour lequel elle se sentait coupable de sa mort… Malgré tous les malheurs et moments difficiles elle conserva une force pour aller de l’avant, une vitalité et une positivité impressionnantes.

Après 65 ans de mariage, l’an dernier, elle a perdue son mari dont elle s’occupait à temps plein car ce dernier était atteint de différentes maladies, dont Parkinson. Il nécessitait des soins réguliers et une bienveillance permanente. Lui aussi était vraiment un homme exemplaire ! Elle le pleure chaque jour mais va de l’avant en acceptant son sort, en affrontant sa vie toujours avec détermination, conviction et générosité ! Malgré son chagrin et son grand âge, 83 ans, elle a pris à cœur de s’occuper d’une dame du même âge, Anne, qui se trouve en grandes difficultés. Le mari de cette dernière ayant contracté Alzheimer, il a été hospitalisé à 35 km de chez elle. C’est lui qui a toujours cuisiné et conduit dans le passé car il était passionné de cuisine et elle n’a jamais passé son permis de conduire. Elle vit dans une maison complètement inadaptée pour une dame âgée (sur deux étages, salle de bain et chambre sous le toit qui n’est pas isolé correctement, escalier ardu, terrain très en pente et rocailleux ne lui permettant pas de faire quelques pas à l’extérieur…). De plus, cette maison est isolée et distante des commerces. Anne a une toute petite retraite alors que celle de son mari ainsi que la maison sont totalement bloquées, hypothéquées pour payer les frais hospitaliers. Elle ne peut ni déménager, ni louer ou vendre la demeure car la maladie les a pris de court et son mari n’a pu lui signer en temps une procuration alors qu’il était encore en bonne santé. Elle n’a aucune famille et peu d’amis car avec son mari, pour leur retraite, ils avaient déménagé à 500 kms de là où ils avaient toujours vécu…

Et bien Laurette, malgré son chagrin et cette année 2020 où elle s’est retrouvée souvent seule à cause du Covid, a ouvert de nouveau son cœur à cette dame en difficulté. Elle lui cuisine ses repas, va ou l’emmène faire ses courses, voir son mari régulièrement à l’hôpital, la soutient moralement… Tout cela seulement par compassion, humanisme et générosité !

Cette Grande dame, Laurette, n’est autre que ma maman et aujourd’hui j’ai une énorme pensée pour elle car il y a un an, le 9 janvier 2020, mon Papa, son époux, s’est éteint. Je tenais à vous la présenter car des femmes ou hommes de cette envergure, de cette force, de cette générosité, sont de plus en plus rares. Quelle génération ! Leurs exemples sont la meilleure éducation que j’ai pu avoir. Je reste persuadé que l’exemple, les actes des parents, une belle famille soudée et bien structurée sont bien plus importants que tous les mots ou grands discours.

Merci maman pour ton exemple, l’éducation et les valeurs que tu nous a inculqué et chapeau bas pour qui tu es, ce que tu as fait et ce que tu fais encore.

Merci de m’avoir mis sur la bonne voie. Si j’ai eu jusqu’à ce jour un « certain succès » dans mon métier, c’est grâce à toi et papa. Cela m’a permis de travailler ou collaborer avec des clients puissants, fortunés, d’un tout autre niveau social, intellectuel et culturel. Tous ont vu en moi une personne courageuse, honnête, sincère et compétente. Mes compétences sont dues à votre exemple aussi : « laisser du temps au temps et travailler durement pour apprendre parfaitement son métier, se former correctement pour grandir et faire valoir ses capacités ».

Les chevaux et l’équitation m’ont aussi enseigné cela !

« Tous les exercices d’entraînement se succèdent de telle sorte que l’exercice précédent constitue toujours une base sûre pour le prochain. Les violations de cette règle se paieront toujours plus tard ; non seulement par une triple perte de temps, mais très souvent par des résistances, qui pendant longtemps si pas pour toujours, interféreront avec la relation entre le cheval et le cavalier. » Gustav Steinbrecht

Merci vraiment du fond du cœur Maman. La vie sans Papa est différente et c’est plus dur certainement pour qui reste que pour lui qui est parti ! Mais ainsi est la vie ! En cette période de pandémie, beaucoup devraient se rendre compte que cette dernière est précieuse mais éphémère. Nous ne sommes que de passage alors autant donner le meilleur de nous, répandre du bon et entreprendre avec passion, dévouement, compassion, altruisme, honnêteté et générosité ! J’espère que ces valeurs resteront inculquées dans les sports équestres. Quand je vois la direction où va notre sport, je m’interroge. Il y a trop en ce milieu d’intérêts personnels, une perte de valeurs, d’éthique, de connaissances et d’amour pour le cheval et la belle et juste équitation. Il est trop facile aujourd’hui de taper sur les doigts des amateurs en les critiquant. Les fédérations ou les professionnels doivent donner l’exemple et peut être profiter de cette période pour changer les règles et les mentalités. Ceux qui n’ont pas toujours su inculquer la bonne approche aux chevaux et à l’équitation ou « éduquer » leurs élèves doivent faire leur mea-culpa ! Le sport c’est discipline, effort, éthique… L’argent ou l’ego ne doivent pas être notre source de motivation et le bon exemple doit être donné.

Grâce à mes parents, aux chevaux, à mes professeurs, à mes expériences, à mon passé et mon parcours de vie, j’espère avoir mis tous mes élèves et les personnes qui m’ont demandé conseils sur la bonne voie. Cette année encore à travers mon blog et des posts sur les réseaux sociaux, je continuerai à partager mes expériences et mon savoir. Un groupe de la jeune génération me pousse à cela, et particulièrement Théo Caviezel. Au début, j’étais retissant car cela me demande pas mal de temps et de concentration afin d’éviter les erreurs ou interactions inintéressantes. De plus, vous devez comprendre que je ne fais pas partie de la génération internet et je préfère passer mon temps proche des chevaux ou la nature. Peut être que cela me poussera -certainement- à écrire la suite de mon premier livre autobiographique, Grâce aux chevaux

Finalement, que serait la vie sans passion et partage ?

Bonne année à toutes et tous.

Sportivement votre, Éric Louradour

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