Pour faire suite à mon précédent article et les différentes discussions que j’ai pu avoir à ce propos…
La vie n’est qu’une question de points de vue. A mon sens, traiter un cheval de « connard » parce qu’il a un comportement déplaisant ne nous positionne pas dans le juste rapport tissé d’empathie, de compréhension, d’adaptation et d’éducation que nous devons avoir avec lui. Le mot « connard » ne me plait pas, je hais même ce mot.
L’homme peut réfléchir et réagir pour grandir grâce à la notion de plaisir. Il faut garder à l’esprit que le cheval, lui, n’a rien demandé. On doit seulement l’inviter à changer ou à s’améliorer mais sans le lui imposer. Quand on voit ses limites, il faut les accepter et essayer de le placer pour ce qu’il est doué ou prédisposé à faire. Tous n’ont pas la chance de tomber sur la bonne personne au bon moment.
En réalité, un cheval est un « connard » parce qu’il nous déçoit. Si un cheval est fait pour faire de la promenade il doit faire de la promenade, s’il est fait pour faire du travail à pied idem, si son comportement est inapproprié, nous devons prendre le temps de l’éduquer. Si on achète ou fait naître un cheval on ne doit jamais lui faire payer les espoirs placés en lui ; cela malgré tout son potentiel et malgré nos attentes, nos certitudes, c’est à nous de nous adapter, avec bienveillance, en toutes circonstances. Un cheval ne sera jamais ce qu’on veut de lui, un cheval est juste ce qu’il est et c’est cela qui est magnifique dans notre activité, et en même temps très difficile à accepter.
La sensibilité, la force, le sang ont été génétiquement développés ces dernières décennies pour faire naître des chevaux plus adaptés aux sports d’aujourd’hui. Papillon Rouge par exemple a été l’un des premiers étalons à transmettre toutes ces caractéristiques sans que tous les cavaliers fussent préparés à les monter. Beaucoup plus de cavaliers en seraient certainement capables maintenant. Dans les années 1980, les Américains gagnaient tout car ils achetaient en Allemagne ou en Hollande des chevaux de sang, aux caractères forts que les allemands ou hollandais avaient du mal à monter par leur équitation plus lourde ou plus autoritaire. Aujourd’hui ils ne vendraient plus ces chevaux car leur équitation, approche ou mentalité ont évolué. Shutterfly est aujourd’hui unanimement vu comme un cheval de légende et pourtant, jusqu’à un âge avancé il faisait régulièrement des demi-tours ou s’arrêtait pour quelconque chose qui l’apeurait. Certains l’auraient traité de « connard » alors que Meredith Michaels-Beerbaum a vu en lui, et je la cite, « le crack de sa vie ».
Me concernant, quand mes chevaux n’ont pas les qualités, le potentiel ou les prédispositions espérés, alors je n’hésite pas à les donner ou les vendre à tout petits prix en trouvant pour eux le cavalier juste, ou l’activité la plus adaptée. Le temps, la patience, la connaissance, l’intelligence, la sensibilité et la capacité d’adaptation font la différence entre le cavalier et l’Homme de cheval. Malheureusement ces derniers se font de plus en plus rares ! En revanche les chevaux de sang ou de caractère ont augmenté. En vue de cela je ne me permettrai jamais, et ni à mes élèves, de traiter un cheval de « connard ». C’est nous qui devons trouver les solutions. Éduquer à mes yeux c’est avant tout donner l’exemple ! Sachant qu’un cheval ne parle pas tous nos mots ou nos actes ont une incidence positive ou négative. Cela nous oblige donc à beaucoup de vigilance et bien des questionnements sur notre mode d’agir et interagir avec notre compagnon.
Là est la beauté de l’équitation.
Sportivement vôtre, Éric