Un chapitre se ferme et un autre s’ouvre…

Didji de coquerie et Eric louradour

Ces dernières années, j’ai pu faire et voir aboutir de nombreux projets, en ayant beaucoup de satisfaction et de succès. Je ne parle pas uniquement de victoires en compétitions mais surtout de beaux accomplissements personnels et professionnels.

J’ai eu l’opportunité de créer en Italie il y a six ans, en partant de zéro, une écurie totalement pensée pour le bien-être des chevaux. Cette écurie est un véritable paradis pour les chevaux ! J’en suis fier !

Je suis très heureux de la qualité de vie que j’ai pu apporter à mes pensionnaires équidés. Quelle belle satisfaction de contempler tous ces chevaux avoir l’œil serein, heureux et généreux, le poil reluisant, des muscles bien dessinés et toniques, une condition athlétique et psychologique fantastiques. Tout cela mettait du baume au cœur, surtout quand chaque matin, entendant mon véhicule arriver ou le son de ma voix, les chevaux sortaient aussitôt la tête des boxes et se mettaient à m’appeler. Les animaux ont un sens de reconnaissance impressionnant !

J’ai eu la chance de pouvoir former un groupe de quatre jeunes chevaux que j’ai dégoté à l’âge de cinq ans et emmené lentement, progressivement et respectueusement au niveau Grand Prix dans leur neuvième année. Tout cela en collaborant avec des jeunes cavaliers maison et de concours qui je pense ou j’espère ont vécu une expérience hors du commun et en tireront bien des leçons. Je me suis comporté envers eux comme s’ils étaient mes propres enfants. Je sais avoir été pointilleux mais quand on aime vraiment on se doit d’être astreignant, motivant, exigeant. Surtout dans un rôle d’éducateur ou formateur ! J’espère qu’ils ont compris que le travail de qualité est toujours apprécié et les emmènera à être sollicités ; que la sincérité et l’honnêteté dont font toujours preuve les chevaux doivent être réciproques ; que le respect emmène à l’amour et que sans amour il n’y a pas de respect ; que le temps et la patience sont les meilleurs alliés des cavaliers ; qu’être méthodique et simple permet de réaliser bien des choses qui semblent compliquées ; qu’il est important d’aimer et de croire en son cheval pour qu’il nous donne toujours plus sans se sentir forcé mais seulement parce qu’il y est invité et inspiré ; que la compréhension, la passion, l’implication, la motivation et l’ambition permettent une réelle évolution et emmènent à la belle et juste équitation ; que gagner est important mais plus important encore est la manière ; que l’équitation est une remise en question permanente, la meilleure école de la vie où l’on apprend après avoir chuté à toujours remonter ; où l’on accepte la diversité car chaque cheval est différent et mérite un traitement spécifique basé sur la connaissance, l’intelligence et la sensibilité du cavalier ; que mon exigence les poussait vers l’excellence ; que les moments de crises que j’ai pu provoquer et qu’ils ont connus les ont amené à réagir, à se démener, à comprendre, à grandir et surtout à se renforcer afin d’être plus courageux et déterminés pour affronter les compétitions mais aussi la vie ou ce dur métier qui peut se révéler ingrat si on n’a pas la réelle passion ou la chance de croiser les justes personnes, les justes chevaux…

Après tout cela, il est à présent l’heure d’un changement de cap ! Le jeune cavalier / propriétaire des chevaux et de cette merveilleuse écurie ayant fini ses études, il désire se concentrer sur son évolution professionnelle. Il met ainsi un terme ou tout au moins fait une pause dans son parcours équestre. De ce fait tous les chevaux sont à la vente et le projet sportif dessiné tous ensemble au début de notre collaboration prend donc fin.

Je ressens une certaine tristesse d’abandonner ces chevaux en lesquels j’ai toujours cru et que j’ai tant respecté (aucun concours à six ans et six mois en prairie ; à sept ans, six parcours et six mois au pré ; à huit ans une vingtaine de parcours et quatre mois au pré ; à neuf ans une saison complète mais pas intense et trois mois de pré). Il faut cependant accepter de passer le relais à des cavaliers qui j’espère permettront “à mes chers bébés” d’exprimer leur talent à leur plus haut niveau mais surtout prendront bien soin d’eux ! Je pense qu’à mes côtés et grâce à leurs propriétaires qui m’ont laissé carte blanche et certains moyens financiers à disposition, ces chevaux ont eu, j’en suis persuadé, une vie extraordinaire, une gestion parfaite dont je rêverais que tous les chevaux sur terre bénéficient. Permettez-moi de m’attarder sur ce point…

Le box du cheval est sa maison. La première chose que j’avais fait était de modifier certains boxes pour qu’ils soient plus grands et munis de grandes fenêtres entre deux, permettant ainsi aux chevaux de communiquer, se toucher, interagir… J’ai toujours veillé à ce que leur litière soit bien propre et épaisse. Rien ne vaut un bon matelas leur permettant de s’allonger et de se rouler sans danger. Tous mes chevaux, après le travail, sont remis directement au box avec les guêtres afin de les laisser se rouler. Cela leur permet de faire un stretching naturel au niveau du dos, un massage musculaire, et aussi remplace le « bouchonnage ». Ensuite les guêtres sont retirées et une éponge est passée au niveau de la tête, les oreilles, le dos, le passage de sangle et éventuellement entre les cuisses. J’avais fait installer également dans chaque couloir et box des ventilateurs et des pièges à insectes pour éviter que mes amis équidés souffrent en temps de grande chaleur et ne soient dérangés ou piqués. Un travail matinal quotidien, constant et varié leur était donné (travail en dressage ou à l’obstacle, longe, piste, promenade…) puis ils allaient au paddock en couple. Cela toute l’année et toute la journée ou à des horaires adaptés en fonction de la météo. L’été de 5h30 à 9h avant la chaleur. L’hiver dans des paddocks dont le sol formait une bute pour favoriser l’évacuation des eaux et où je faisais stocker toutes les feuilles mortes de la propriété. En période de gel, cela constitue un matelas de protection évitant ainsi au sol d’être gelé. Les chevaux pouvaient de ce fait toujours continuer à aller en prairie sans prendre de risque. Tous les soirs mes protégés avaient droit à une promenade au pas en main ou monté, ou au marcheur (seulement au pas). Il ne faut pas oublier qu’un cheval dans la nature parcourt environ cinquante kilomètres par jour et rien ne vaut des sorties régulières pour éviter des coliques par exemple. Combien j’aimais offrir aussi des moments de récréations hebdomadaires dans le manège et en couple ou même en groupe de trois à mes « enfants chéris ». Autant au paddock ils restaient sages mais là ils s’en donnaient à cœur joie ! Avec mes collaborateurs nous n’hésitions pas à emmener également les chevaux en promenades en forêt et en main pour donner de l’assurance aux plus chétifs ou craintifs d’entres eux mais aussi pour renforcer notre complicité. Tous les soirs les chevaux étaient pansés avec beaucoup d’attention et d’affection… Quel bonheur de faire le leur !

Quoi qu’il en soit, je vais continuer à instruire et à écrire en essayant de changer les mentalités. J’espère que mon expérience et mes mots inciteront tout de même à l’amélioration des mœurs et permettront à certains chevaux de mieux vivre. Je vais repartir donc sur de nouveaux projets puisqu’aujourd’hui je suis convaincu, car je l’ai prouvé à travers l’expérience de ces six dernières années : on peut emmener des chevaux de sport vers le haut niveau tout en leur permettant une vie des plus agréables !

A bientôt pour de nouveaux écrits et de nouvelles aventures équestres ! Je profite de ce post pour souhaiter à mes chers chevaux, mes anciens collaborateurs et propriétaires plein de belles choses pour le futur et je les remercie encore.

Sportivement vôtre, Éric

Articles récents
archives jeanne Sadran eric louradour
Les fruits de l’enseignement

Cette semaine j’ai vécu une expérience qui m’a profondément touché en tant qu’enseignant. Jeanne Sadran a remporté son premier Grand Prix cinq étoiles, un accomplissement