Le principe d’Harmonie…

illustration vidéo cheval

Je dis toujours à mes élèves d’observer la nature, dans laquelle tout est en harmonie : quand il y a du vent, les arbres se plient dans le sens du vent. Adopter ce concept à cheval, comme dans la vie, c’est éviter bien des problèmes, des litiges, des oppositions … surtout à l’obstacle !

À cheval, il est très important que le cavalier apprenne à respecter ce principe en cherchant à toujours accompagner son cheval, en veillant à le déranger le moins possible, en se faisant le « plus petit » ou discret possible ! Savoir contrôler ses émotions, sa position et ses actions est primordiale. Le cavalier débutant doit apprendre à monter dans un premier temps dans le mouvement et donc en suspension sur les étriers, léger, les mains vers la bouche et le buste en avant (deux points de contact – jambe droite, jambe gauche). Dans un deuxième temps il pourra, dans cette même position, s’assoir plus ou moins dans certaines zones (trois points de contacts, jambe droite, jambe gauche et assiette) dans les virages et les dernières foulées à l’abord des obstacles). On appelle cela se fondre dans sa selle ou son cheval. Enfin, le cavalier plus confirmé apprendra, quand il sera certain de toujours être en harmonie avec son cheval en respectant la bouche et le dos de sa monture, à redresser plus ou moins son buste et s’assoir plus profondément dans la selle en fonction de la recherche et des agissements de sa monture.

Je n’ai rien inventé ! C’est une méthode classique d’équitation européenne qui est très respectée et enseignée sur le continent américain. C’est la meilleure école au monde car là-bas les bases sont très suivies et il suffit de voir la qualité de leur équitation et le nombre d’amateurs qui arrivent en Grand Prix pour s’en convaincre.

Le cheval connaît parfaitement, et mieux que beaucoup de cavaliers, les lois de l’équilibre et sait naturellement qu’il a besoin de son encolure pour modifier ou stabiliser son propre équilibre. D’où l’importance pour le cavalier de ne pas “s’agripper” à la bouche du cheval, de ne pas trouver son équilibre sur celle-ci et de ne pas bloquer l’encolure au point de la rendre statique. Le bon dressage et la bonne éducation où le cheval apprend à gérer ses émotions et son équilibre, où il accepte et répond rapidement et efficacement aux demandes et aux aides du cavalier sans rapport de force, permet de pouvoir monter son cheval en filet simple et quasiment en liberté ! 

Il y a six mois sont arrivés aux écuries deux jeunes collaborateurs, Florian et Océane. Cette dernière a emmené aux écuries son propre cheval, Kaspar. Il est arrivé irrégulier dans les allures, rigide, sans muscles alors qu’il était monté en Pelham de fer, qu’il battait à la main (grands mouvements permanents de bouche, de tête ou d’encolure de bas en haut) et faisait régulièrement des grosses fautes aux obstacles dues à son dressage précaire, à une certaine incapacité à bien utiliser son corps et une flagrante rigidité mentale et physique de sa cavalière augmentée par une grande confusion ou un manque de réelles bonnes bases.

Aujourd’hui ensemble, ils ont exécuté leur dernier parcours avant un retour dans leur région et proches des leurs. Quelle joie pour moi de constater leurs progrès, de voir Kaspar être monté en mors simple et léger, rester disponible et à l’écoute malgré un grand galop naturel et beaucoup d’énergie, utiliser son corps si bien afin de toujours faire des bons sauts et d’éviter les fautes… Quelle satisfaction de recevoir ensuite un message d’Océane me remerciant et me disant : « Merci à vous d’avoir fait évoluer Kaspar dans le bon sens pour qu’il reste au top de sa forme le plus longtemps possible. Et merci aussi pour toutes les leçons que vous nous avez faites, qui nous ont beaucoup aidé et qui vont encore nous aider dans le futur ! Grâce à vous nous avons découvert une autre et belle équitation qui, sans surprise, nous a fait faire beaucoup de progrès en peu de temps et surtout une équitation qui respecte les particularités de chaque cheval. » 

J’espère que ces jeunes professionnels se souviendront et mettront longuement en pratique ces enseignements. J’espère également qu’ils les transmettront au plus grand nombre. Ainsi se forme un cercle vertueux où l’harmonie prime grâce aux bonnes bases d’équitation, au respect des traditions pour apporter un réel bien-être aux chevaux. Ce dernier point sera justement le sujet d’un de mes prochains articles. 

Sportivement vôtre, Éric. 

Ps : en vidéo, Kaspar et Océane. Observez comme, malgré certains abords approximatifs, le cheval réussi à bien organiser son saut et à éviter la chute de barres d’obstacles. Voyez comme Océane ne dérange pas son cheval. Elle a appris à donner la main dans les abords Au début, par cette cession de main du cavalier, le cheval risque de faire quelques fautes mais ensuite il deviendra « intelligent de la barre » car il sait qu’il pourra être libre dans le saut et bien utiliser son corps pour éviter la faute et aider son cavalier. Le parcours que vous visionnez est très bas mais cela rend justement l’exercice encore plus difficile. Sur des obstacles plus gros les chevaux se reculent plus facilement et naturellement. Sur les petits obstacles si le cheval n’a vraiment pas une bonne gestion de son équilibre et de ses émotions, il pourrait courir doublement.

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