La vie est fantastique…

amis Eric louradour

Ces derniers temps, ayant dû affronter certains changements, quelque peu fatigué et démotivé, j’ai eu besoin de me ressourcer.

Rien ne vaut la famille et surtout sa maman pour se laisser chouchouter et dorloter ! De plus, vu son grand âge, je me plais à venir régulièrement l’épauler, la réconforter, contrôler son état de santé et profiter d’elle au maximum. Les années passent si vite ! Dans ce partage où l’on donne de son temps et de sa présence, celui qui donne reçoit autant que celui qui a reçu et cela procure un sentiment de bien-être général. 

Hier matin, je me suis réveillé un petit peu triste, pessimiste et même je dois l’avouer abattu ! Même si je reste toujours positif aux yeux des autres et que je réponds inlassablement que tout va très bien à la fameuse question « Comment vas-tu ? », il peut m’arriver de cacher la vérité. Dans cet état d’esprit là, j’aime m’isoler pour reprendre des forces et être libre dans mes pensées… Malheureusement hier, à peine debout, ma maman m’annonce qu’elle a organisé un déjeuner surprise avec trois cousins lointains que je ne connaissais pas. Ayant peur de me montrer sous un mauvais jour, je lui répondis que je n’avais pas envie de rencontrer qui que ce soit et que j’allais donc m’éclipser au plus vite.

Alors que j’étais sur le point de partir, je fus stoppé par l’arrivée anticipée des cousins, un couple de plus de 65 ans et leur fils âgé d’une quarantaine d’années. Voulant profiter au plus de ma maman, comme ils ne la voient pas souvent, et impatient de me connaître car le fils monte à cheval, ils avaient anticipé leur arrivée ! Au fond de moi j’étais mal et j’aurais voulu pouvoir m’enfuir par un trou de souris… Cependant, à la vue du fils qui est trisomique, ma colère et introversion momentanées disparurent immédiatement. L’attention, l’écoute, l’observation, la compassion et tous les enseignements que m’ont inculqués l’équitation, mais surtout les chevaux, ont resurgis en moi !

J’ai découvert alors un garçon passionné, sensible, adorable et des parents totalement dévoués, qui ont eu une vie très compliquée affrontant bien des problèmes de santé, d’organisation et n’hésitant pas à déménager pour vivre dans une région où le climat était plus adapté au bien-être de leur fils chéri et unique. Tous trois chérissent les chevaux ! Les parents sont convaincus des bénéfices qu’ils ont apporté à leur fils. Il est vrai et reconnu que nos merveilleux amis quadrupèdes ont une fabuleuse capacité d’adaptation, d’empathie et de compassion. Finalement nous avons beaucoup parlé, appris l’un de l’autre et partagé. Ainsi nous sommes restés plus de cinq heures assis à converser. Observer toutes les preuves d’affection et d’attention de la part des parents, d’amour réciproque entre ses géniteurs et leur fils et toute cette vitalité et positivité exprimées par cette personne en situation de handicap m’ont invité à relativiser et à retrouver la joie !

Le lendemain, ma maman avait accepté cette fois-ci l’invitation à déjeuner de l’ancien propriétaire du restaurant « La Vieille Auberge » à Souillac, dans le Lot. C’est un homme haut en couleurs, au caractère bien affirmé mais surtout un grand cuisinier appelé le « Bocuse du Sud-Ouest », monsieur Robert Veril. Ce monsieur, âgé de bientôt 80 ans, vit avec sa compagne Marie dans une jolie maison typique de la Dordogne, toute en pierre. L’endroit est isolé au milieu d’une nature si riche et magnifique qu’on s’y sent aussitôt bien ! Là encore le moment allait se révéler exceptionnel ! Quel bonheur d’observer et d’écouter l’histoire de vie de ces deux êtres. Lui, même s’il est plein de douleurs et a un peu de mal à se déplacer, ne se plaint jamais et se plaît à répéter : « je me suis habitué à vivre avec la douleur, et après six AVC et un arrêt cardiaque qui a provoqué un accident très grave de voiture d’où je suis sorti en miettes mais m’a redonné la vie, on ne peut que l’aimer ». Robert nous raconte alors que lors de son arrêt cardiaque, ayant perdu vie au volant de sa voiture il a fini sa route dans un mur. Le choc a été si violent qu’il a permis à son cœur de se remettre en route…

Robert a eu une vie intense et quelle joie de l’écouter nous raconter bien des anecdotes le concernant tout en dégustant des mets d’exceptions et des vins extraordinaires qu’il avait préparés et sélectionnés avec tant de générosité et plaisir. Robert, comme vous l’aurez compris, est un épicurien mais en plus a une philosophie de vie et des comportements rares de nos jours. Ô combien j’ai aimé l’entendre dire que le plus important dans la vie c’est l’éducation, la formation et le partage ! Quel respect on peut seulement avoir pour ce monsieur qui précise bien qu’il n’a jamais été un patron mais plutôt un chef d’entreprise. Pour lui, la différence réside dans le fait que le premier exploite ses employés et conserve tous les bénéfices pour lui alors que le second respecte ses collaborateurs et partage avec eux les revenus de leur travail… Robert a toujours conservé longuement ses collaborateurs et tous ont beaucoup de respect pour lui. Quel bonhomme ce Robert, quel orateur, quelle gueule et quel charisme…

Sa compagne Marie est surprenante également. Quelle vivacité et amour pour la vie elle a aussi ! Ces deux êtres étaient vraiment faits pour se rencontrer ! À 80 ans elle a entrepris de marcher 500 km sur le chemin de Compostelle munie seulement d’un sac à dos de 6 kg. J’étais subjugué de la voir malgré son grand âge manipuler l’ordinateur avec autant d’assurance et de connaissance ; de l’entendre parler de musique moderne ; de découvertes exceptionnelles autour de chez elle qui suscitent sa curiosité et la nôtre… Que de centres d’intérêts, quelle passion pour la vie. Quel beau personnage là encore, respect ! Bien souvent ayant vécu dans la douleur, le malheur ou la simplicité et l’essentiel, ces personnes savent vraiment apprécier et ne se plaignent jamais ! 

Morale de cette histoire : même si j’allais là encore à « reculons » et sans enthousiasme chez Marie et Robert, il semblait que la vie avait décidé de me prendre par la main pour me dire « Reviens ! », comme si elle désirait me donner une leçon, me redonner moral et espoir, l’envie de toujours avancer et de continuer à me dépasser… J’étais conscient alors que c’est en allant vers les autres et en partageant des moments d’exception remplis d’humanité, d’authenticité et de sincérité qu’on évite de baisser les bras et qu’on conserve l’espoir et le moral. La vie est faite de hauts et de bas où s’alternent des moments de peine qui ne font que mieux apprécier les moments de joie. Repensant à tout cela je me demandais comment moi qui pratique l’équitation, un sport où on apprend après avoir chuté à toujours remonter ; où l’on sait très bien qu’un jour on gagne et bien d’autres on perd ; où l’évolution d’un cheval est faite de doutes, de challenges, de remises en question permanentes qui poussent à la réflexion et la sagesse… j’avais pu douter ou oublier !

Ah que la vie est belle ! Proche des chevaux ou des animaux, de la nature et d’humains qui font preuves d’humanité et aussi différents soient-ils, la vie est exceptionnelle, un réel don et qui mérite d’être vécue pleinement ! Il faut seulement apprendre à aimer, à respecter, à apprécier et il est vrai, à relativiser. Je vous souhaite à toutes et tous, une vie superbe et un merveilleux parcours équestre à vous qui, comme moi, êtes passionnés de chevaux. J’ai tenu à vous faire partager ce moment de vie privée car enseigner seulement la technique d’un sport n’est pas suffisant à mes yeux. Toute une philosophie de vie et équestre est, je pense, doublement important et accompagne l’élève vers le succès. Pas seulement celui obtenu en compétition mais celui qui lui permettra une vie plus heureuse, passionnée et passionnante. La différence doit attirer et non pas effrayer et l’Homme intelligent se dénote de l’ignorant car il est intéressé et intéressant. 

Sportivement vôtre, Éric

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