Il y a peu de temps alors que j’étais à Fontainebleau pour la finale des jeunes chevaux, je contemplais chevaux et cavaliers au paddock d’échauffement. Mon regard s’arrêta sur Robin Le Squeren qui montait un cheval gris nommé Dorado de Riverland. De ce couple, je ressentais et j’observais une grande connivence, complicité et un plaisir partagé alors qu’ils affrontaient la finale des 7 ans. Le cavalier était confiant, souriant et n’arrêtait pas de récompenser son cheval tandis que Dorado avait les yeux grands ouverts, pleins de vie, de bonnes attentions, mais aussi de concentration, de joie et de confiance… Le corps et le mental des deux athlètes faisaient preuves d’une grande souplesse, osmose, dextérité comme s’ils allaient participer à un jeu quelconque et sans donner importance à cette compétition…
Je me trouvais à ce moment-là proche de Marie Busquet, propriétaire avec Frédéric des Écuries D’Ellipse à Malville dans le 44. Je lui fis part de mon plaisir à observer ces deux acteurs. C’est là qu’elle m’apprit que le cheval leur appartenait, que le couple résidait donc dans leurs écuries et que le cavalier était leur salarié. Marie me confirma que les deux compères s’aimaient vraiment et que son cavalier vouait beaucoup de temps et d’affection depuis toujours au petit gris. Dorado de Riverland le lui rendait bien par bien des succès : vainqueur du championnat des 5 ans, second de celui des 6 ans (ce jour-là il finissait 3ème des 7 ans).
En approfondissant notre conversation, elle me dit que Robin avait la chance de travailler avec un véritable homme de cheval, un personnage génial, un ancien écuyer du Cadre Noir de Saumur, Jean-Jacques Boisson. Ce dernier avait, d’après elle, beaucoup sensibilisé leur cavalier sur l’importance d’un rapport de confiance entre cheval et cavalier. Elle me fit part également de certains détails de ses enseignements qui me rendirent curieux, me passionnèrent et me firent comprendre que nous partagions les mêmes méthodes, la même approche ou philosophie… Comme Jean-Jacques Boisson, je pense vraiment que pour devenir un véritable Homme de cheval et un cavalier émérite, sensible et même compétitif, l’Homme doit avoir la faculté de toujours s’adapter et réagir intelligemment et positivement vis-à-vis du cheval afin de toujours le mettre dans le confort et dans les meilleures conditions pour devenir lui-même positif, coopérant, rayonnant et compétitif en donnant le maximum de lui. Le bon cavalier s’efforce de renforcer les côtés positifs de sa monture plutôt que de toujours vouloir travailler ces points négatifs au risque de l’affaiblir physiquement et moralement. C’est grâce à la confiance que l’animal a envers son cavalier et qui est obtenu parce que ce dernier ira souvent dans le sens du cheval en utilisant une juste méthode d’équitation adaptée et progressive que l’athlète equidé se renforcera physiquement, mentalement et techniquement. Le bon cavalier invite et incite son cheval à bien utiliser son corps, à gérer ses émotions et à rester à tous moments connecter avec lui faisant ainsi preuves d’énormes progrès et d’une réelle symbiose qui les porteront à gagner.
Ainsi pour arriver à ce but final il n’y a pas une position mais des positions ; il n’y a pas une méthode mais des méthodes d’équitation. Cela sera le sujet de prochains posts car c’est un système qui demande une certaine ouverture d’esprit, du bon sens, de l’expérience, de la réflexion. Je tenterai de vous transmettre ce que j’ai compris sur ces sujets au cours de mes différentes expériences.
Lors d’un prochain stage dirigé par le Maître Écuyer aux Écuries d’Ellipse, j’ai demandé à pouvoir m’installer dans les tribunes pour l’écouter et l’observer. En 42 ans d’équitation, j’ai toujours fait cela, n’hésitant pas à faire bien des kilomètres, à rester debout longuement sous un soleil assommant ou un froid gélifiant mais j’ai tellement appris ainsi. Quel cycle merveilleux que d’apprendre pour ensuite divulguer son savoir mais aussi de toujours s’améliorer pour obtenir de ses chevaux en étant dans le juste rapport, la juste méthode, la juste relation, la juste équitation. Voir son cheval donner dans la facilité et le plaisir est jouissant ! Avoir une passion dans nos vies peut vite restreindre notre vision de celle-ci car nous lui dédions beaucoup de temps, mais elle peut aussi nous nourrir, nous nutrire et nous faire vivre sans crainte de mourir avant son temps, en restant ignorant.
À bientôt, Eric