Équitation = sport de l’approximation ?

eric louradour

Dans n’importe quel sport, si vous n’avez pas acquis un certain niveau (technique, psychologique, éthique), vous ne pourrez pas gravir les prochains échelons et progresser ! Et encore moins penser vous engager en compétition.

En revanche, en équitation, on observe bien trop souvent des cavaliers qui n’ont pas de bases solides et qui, poussés par un certain système, font toujours plus et toujours plus vite, osant même se présenter ou se confronter en compétitions sans aucune crainte du ridicule et même au péril de leur vie.

Dans notre sport, on accepte l’approximation !

Cela est totalement aberrant vis à vis du respect que l’on doit au cheval, mais c’est également inconscient !
Oui, inconscient quand on sait que c’est la technique équestre qui permet à la force du cheval de jouer avec nous et pas contre nous. Cela pose de vraies questions de sécurité car des approches erronées de ce sport peuvent le rendre dangereux !

À qui la faute ?

La société : aujourd’hui il faut faire et obtenir vite, sinon on perd toute motivation ou passion.
Les instructeurs : ils ne sensibilisent pas assez les cavaliers sur les règles de sécurité et sur l’importance de bases solides.
Les parents : ils minimisent souvent la difficulté de ce sport et pensent que le cheval peut compenser en permanence les erreurs du cavalier ; ils surestiment leur enfant prodige et n’écoutent pas les recommandations de l’enseignant, n’hésitant pas à faire du chantage en étant prêt à changer d’écurie ; ils désirent à tout prix que leur progéniture fasse la carrière sportive que eux n’ont jamais fait.
Les fédérations : la formation des enseignants doit être rénovée ; les épreuves pour débutants doivent être plus formatrices pour inculquer les bonnes bases et le respect du cheval ; les diplômes doivent être remis en place afin de contrôler le réel niveau des cavaliers en vu de leurs objectifs.
Le cavalier débutant : quand il fait preuve d’une certaine prétention, d’une mauvaise éducation, d’une grande inconscience, d’un manque de patience, d’une négligence de respect à l’égard de l’animal.

Tout cela est bien triste quand on sait que l’équitation est une des plus belles écoles de la vie et un Art à part entière. Comme le disait le Maître Nuno Oliveira : « la médiocrité ne fait pas partie de l’amour. Et sans amour on ne peut pas créer une œuvre d’art. »
« L’équitation est un art qui fait partie de la culture des peuples qu’ils ont pratiqué pendant des siècles. Il faut essayer de niveler les différences sociales, développer et faciliter l’éducation pour que les différentes formes de culture deviennent accessibles à tout le monde, que l’équitation puisse être pratiquée par ceux qui s’y intéressent vraiment et qui sont doués. Je crois qu’il n’est pas possible d’arriver à un résultat valable sans se défaire de sa vanité et de ses complexes de supériorité. Si avec l’âge, le cavalier perd quelques une de ses possibilités physiques, il gagne par contre une philosophie plus saine ».

En plus de 40 ans d’équitation, je n’ai jamais eu d’accident car je reste très vigilant et respectueux des règles de sécurité. Dieu sait pourtant combien de chevaux particuliers, difficiles ou même dangereux j’ai pu monter… Je ne remercierai jamais assez mes parents et l’équitation pour m’avoir inculqué une bonne éducation, ainsi que tous mes professeurs pour les bonnes bases, le respect et l’amour du cheval qu’ils m’ont enseignés. Plus le temps passe et plus j’ai le sentiment d’être toujours plus émerveillé avec les chevaux.

Désireux de partager ce sentiment, ma vision et ma passion, voilà pourquoi je vous écris, en ayant hâte de vous lire et de débattre de cette thématique si importante.

Sportivement votre, Éric

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