Équitation moderne : quand tradition et bien-être animal se rencontrent

Eric louradour

L’équitation moderne évolue vers une pratique qui respecte davantage le cheval, enrichie par des contributions venues des quatre coins du monde. Les principes de légèreté de l’école française, la rigueur technique et biomécanique de l’école allemande, la connexion intuitive des Américains et la tradition d’équilibre des Italiens se rejoignent aujourd’hui pour dessiner une équitation raisonnée éthique et esthétique.

Lors du Concours Hippique International de Genève, cette évolution était flagrante. Comme on peut le voir sur la vidéo de paddock d’échauffement, les chevaux travaillaient dans le relâchement et la sérénité, leurs têtes placées naturellement, sans être encapuchonnés ni soumis à des embouchures sévères. Ces images illustrent l’harmonie qui est désormais recherchée par les cavaliers de haut niveau, plaçant le bien-être de leurs montures au cœur de leurs priorités.

Cependant, il est légitime de se demander pourquoi les institutions internationales, en tant que tutelles de la discipline, n’ont pas agi plus tôt pour diffuser ces bonnes pratiques. Aujourd’hui, des sanctions sont imposées pour des abus tels que des enrênements excessifs ou des muserolles trop serrées. Ces mesures, bien que nécessaires, auraient pu être évitées si les principes d’une équitation respectueuse avaient été enseignés et valorisés dès le départ. Cette responsabilité revient en partie aux institutions, mais aussi à chaque cavalier, qui doit chercher à approfondir ses connaissances.

Un autre point crucial est la formation des stewards de la Fédération Équestre Internationale (FEI). Ces acteurs, essentiels à la régulation des pratiques sur le terrain, doivent être formés avec rigueur pour intervenir avec discernement et pédagogie. Des actions trop rigides ou disproportionnées alimentent souvent les critiques des associations de protection animale, donnant à celles-ci des arguments contre les sports équestres. Une meilleure éducation des stewards pourrait non seulement prévenir les abus, mais aussi renforcer la crédibilité des sports équestres auprès du public.

Les écrits historiques des maîtres équestres, comme François de La Guérinière, Gustav Steinbrecht, Bertalan de Némethy ou Federico Caprilli, sont autant de sources d’inspiration pour perfectionner nos pratiques. Ces grands noms ont posé les bases d’une équitation qui allie performance et respect, et leur héritage devrait être davantage mis en avant par les écoles équestres du monde entier.

Au-delà de l’apprentissage technique, l’évolution de l’équitation passe aussi par un changement de mentalité. Il ne s’agit plus de dominer ou de contraindre, mais de dialoguer avec sa monture. Cette philosophie, qu’elle vienne de la tradition européenne ou des approches modernes américaines comme le travail en liberté, place le cheval comme un partenaire à part entière.

Enfin, l’un des défis de l’équitation contemporaine reste la communication de ces valeurs au grand public et aux cavaliers amateurs. Les grands événements internationaux offrent une vitrine précieuse pour promouvoir ces pratiques, mais il appartient à chacun, quel que soit son niveau, de contribuer à cette révolution.

L’équitation moderne s’inscrit dans un équilibre fragile entre tradition et innovation, performance et bien-être animal. Poursuivre cette quête d’harmonie est une responsabilité collective, pour le respect de nos chevaux et l’avenir de notre discipline.

Sportivement vôtre, Eric

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