Dans un sport équestre de plus en plus exigeant, je fais le choix du contre-pied : celui de la lenteur, du respect, et surtout, de la sensibilité.
Iggy Mouche est entré dans ma vie à six mois. Il a aujourd’hui sept ans. Dès le début, j’ai perçu en lui une intensité rare. Une extrême sensibilité que d’aucuns auraient qualifiée de faiblesse. Moi, j’y ai vu une richesse, un défi, une promesse.
Il avait peur : de l’homme sur son dos, du mouvement autour, parfois même des autres chevaux. Plutôt que contraindre, j’ai choisi d’écouter. De construire une relation basée sur la confiance, le temps et la compréhension. Iggy n’a commencé la compétition qu’à six ans — quand il était prêt. Pourquoi abuser et être pressé avec un cheval en pleine croissance, surtout s’il est délicat et à fleur de peau ?
Je suis convaincu que les chevaux sensibles sont les plus adaptés au sport d’aujourd’hui. Parce qu’ils sentent tout, et qu’en confiance, ils donnent tout. Encore faut-il les accompagner avec finesse, au rythme juste.
C’est dans cet esprit que j’ai confié Iggy à un jeune cavalier prometteur, Thibaut Heinguez. Il n’a pas encore toute l’expérience, mais il a l’essentiel : une équitation respectueuse et une vraie envie de comprendre.
Avec lui, je me comporte comme avec Iggy : j’oriente, sans imposer. Je m’adapte à sa personnalité, je le laisse grandir à son rythme. Je crois que l’exemple est le meilleur enseignement. Et si cette relation peut inspirer une autre manière de former — plus humaine, plus lucide, plus en lien avec le vivant — alors ma démarche prend tout son sens.
Hier encore, quelle joie de les voir évoluer ensemble dans ce site merveilleux du Haras du Pin : Iggy, de plus en plus juste ; Thibaut, fluide et précis. C’est ce type de relation que je veux défendre.
Parce qu’un vrai champion ne se mesure pas seulement à ses résultats, mais à la qualité du chemin qu’il a parcouru — et à la relation qui l’a rendu possible.
Sportivement vôtre, Éric
